Nicole de Moor veut mettre fin à l’allongement des procédures d’asile et renvoyer davantage de personnes
La secrétaire d'État à l'Asile et la Migration Nicole de Moor (CD&V) veut lutter contre l’allongement de la procédure d'asile et faire en sorte que les demandeurs d'asile déboutés soient légalement obligés de coopérer au retour dans leur pays d'origine. Elle a soumis des propositions à ce sujet aux principaux ministres du gouvernement fédéral.
La crise de l'accueil des demandeurs d’asile qui a refait surface cette semaine avec l’évacuation chaotique du squat de la rue des Palais, à Schaerbeek, montre à quel point la politique d'asile et de migration est réellement difficile.
La secrétaire d'État Nicole de Moor propose donc de réformer la politique d'asile.
"Nos procédures d’accueil prennent beaucoup trop de temps et doivent être plus courtes", reconnaît Nicole de Moor et du coups de nombreuses personnes se retrouvent ici en cours de procédures.
"Mais il y a aussi des personnes qui sont dans ces procédures d’accueil depuis longtemps, qui ont reçu une décision de refus et qui continuent à bénéficier d'autres possibilités de séjour comme le regroupement familial. Par conséquent, elles prennent la place d'une personne qui a droit à l'accueil."
Selon Nicole de Moor, environ 1 000 personnes se trouvent actuellement injustement sur notre territoire dans des procédures d’accueil.
En outre, la secrétaire d'Etat veut se concentrer davantage sur une politique de retour accompagné. "Avec ce gouvernement, nous offrons un accompagnement individuel à toute personne qui reçoit un ordre de quitter le territoire", explique-t-elle. "Je pense que c'est une bonne chose, mais nous attendons aussi que les gens coopèrent avec le gouvernement s'ils reçoivent une décision qui signifie un ordre de quitter le territoire. Nous devons inscrire cette obligation de coopération dans la loi."
D'après les écologistes : "cela n'apporterait pas beaucoup de places d’accueil"
Pour être clair, en principe, les personnes qui ont reçu un ordre de quitter le territoire n'ont plus droit à l'accueil. Par conséquent, une éventuelle obligation de coopérer à leur retour n'aura donc pas d'incidence réelle sur le nombre de places d'accueil.
Dans tous les cas, aucune décision n'est attendue dans l’immédiat. "Il ne s'agit que d'une première discussion globale sur le paquet de réformes", indique Johny Vansevenant, journaliste politique à la VRT. Apparemment, tous les avis ne vont pas dans le même sens. Les écologistes, en particulier, sont très sceptiques. "J'entends comme contre-argument que cela n'apporterait pas beaucoup de places d’accueil", ajoute Johny Vansevenant. "Chez les écologistes, j'entends dire que ce sont des mesures qui n'ont rien à voir avec la crise de l'accueil".
Places d'accueil inoccupées à la Défense: Nicole de Moor "n'accepte pas cette critique"
"Alors que la Belgique fait face depuis des mois à une crise de l'accueil, 365 places dans trois lieux d'accueil de la Défense restent vides", écrit le quotidien De Morgen vendredi sur la base des chiffres de la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS).
"Les places d'accueil pour les demandeurs d'asile mises à disposition par la Défense ne sont pas inutilisées: certaines d'entre elles doivent être gardées libres pour les personnes vulnérables qui demandent l'asile en Belgique, a affirmé la secrétaire d'État à l'Asile et la Migration.
"Ceux qui exigent que nous utilisions jusqu'au dernier abri aujourd'hui exigent aussi que nous laissions des familles et des enfants dans la rue demain", a-t-elle déclaré tout en reconnaissant des "problèmes opérationnels".
"Certains jours, il y a plus de 90 personnes vulnérables auxquelles nous donnons la priorité pour l'accueil. Nous n'y parvenons qu'en leur réservant suffisamment de places", a-t-elle précisé.
"Fedasil, en collaboration avec le Centre de crise, la Protection civile et la Défense, recherchent des solutions à ces problèmes. Ils ont surmonté un nombre incroyable d'obstacles de ce type au cours de l'année écoulée pour créer des places d'accueil supplémentaires. Je n'accepte pas cette critique", a enfin insisté la secrétaire d'État.
200 demandeurs d'asile ont (à nouveau) passé la nuit dans des tentes le long du canal à Molenbeek
Près du Petit Château de Bruxelles, où les demandeurs d'asile doivent s'enregistrer, des dizaines de personnes ont à nouveau passé la nuit de jeudi à vendredi dehors dans le froid. La plupart d'entre elles sont des demandeurs d'asile qui ont effectivement le droit d'être accueillis mais qui ne reçoivent aucune place nulle part. Ils étaient plus nombreux que d'habitude, peut-être en raison de l'expulsion du squat de la rue des Palais en début de semaine.
"C'est une image désolante : des dizaines de tentes sont là, certaines improvisées avec des bâches en plastique et il n'y a pas de sanitaires". C'est ce que témoigne la journaliste de la VRT Marieke Van Cauwenberghe depuis le pont qui enjambe le canal près du Petit Château. "Ce sont les habitants du quartier qui ont amené tout ce matériel ici. Entre-temps, il a commencé à pleuvoir et il y a beaucoup de vent."
Au total, environ deux cents personnes auraient passé la nuit sur place. "La plupart venaient du squat de la rue des Palais à Schaerbeek", précise Michel Genet, directeur de Médecins du monde. "Nous constatons qu'ils portent un bracelet bleu et sont donc demandeurs d'asile, mais n'ont pas eu de place dans les bus qui est parti après l’évacuation du squat de la rue des Palais. On leur a promis une place d'accueil, mais ils ne l'ont pas obtenue. Ils sont originaires d'Afghanistan, de Somalie et du Burundi et, normalement, ils sont logés par Fedasil."
Les riverains observent ce village de tentes avec désolation
Un tel village de tentes n'est pas une solution durable, a souligné Michel Genet. "La secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration Nicole de Moor (CD&V) a dit qu'elle voulait d'abord aider les demandeurs d'asile qui ont été emmenés de la rue des Palais vers un hôtel à Sint-Pieters-Leeuw, mais nous pensons que les gens qui dorment dans la rue doivent être aidés en premier lieu. C'est du bricolage, les gens ne peuvent pas vivre sous tente."
Les riverains du quartier du Petit Château observent ce village de tente avec désolation. "Depuis le mois d’août, les demandeurs d'asile sont entassés ici comme des sardines", explique Ine Vos.
"Puis en octobre, les tentes sont arrivées et ces derniers jours, le nombre de personnes a augmenté de manière exponentielle. Au début, c'était surtout des Afghans, maintenant c’est un mélange et c'est le chaos total."
Chaque jour, Ine Vos doit passer devant ce village de tente lorsqu'elle emmène ses deux enfants, âgés de 8 et 11 ans, à l'école. Elle ne peut pas leur expliquer cette situation. "Nous essayons de faire des choses nous-mêmes pour les aider, mais cela nous dépasse. Il y a vraiment des tas de choses qui sont faites par les riverains, mais ces personnes auraient droit à une aide systématique."
Ine Vos a également assisté cette semaine à l’arrivée d'un groupe de demandeurs d’asile depuis le squat de la rue des Palais. "À un moment donné, une camionnette est arrivée avec des couvertures. Ces gens se sont super bien organisés, ont fait courageusement la queue. Alors je me dis vraiment : "Les politiciens devraient venir voir à quel point ces gens sont dignes, au lieu de se montrer du doigt."
