L'Université d'Anvers tente de reconstituer un récit de chevaliers du 14e siècle à partir d'un fragment de parchemin
L’Université d’Anvers a déboursé 6.000 euros pour acquérir un fragment d’un roman de chevalerie encore inconnu (photo), datant du Moyen Âge. Le petit bout de parchemin date du 14e siècle et le texte est écrit en moyen néerlandais. "Nous ne connaissons pas plus de la moitié des récits de chevaliers de l’époque. Ce fragment pourra nous aider à en découvrir un", expliquait au micro de Radio 2 Remco Sleiderink, professeur de littérature moyen-néerlandaise.
L’Université d’Anvers (UA) présente un fragment d’un récit de chevalerie encore inconnu datant du Moyen Âge. Avec l'aide d'un mécène américain, elle a pu acquérir cette languette de parchemin en décembre dernier, pour une somme proche de 6.000 euros, à une vente aux enchères chez Christie’s à Londres. "Le fragment n’est arrivé que mardi à l’université", indiquait le professeur Remco Sleiderink à Radio 2. Il enseigne la littérature moyen-néerlandaise à l’UA.
Le moyen néerlandais, ancêtre du néerlandais moderne, était écrit et parlé aux anciens Pays-Bas, une région historique qui comprend les royaumes des Pays-Bas et de Belgique actuels, ainsi qu’une large partie du nord de la France, correspondant plus ou moins à la région Nord-Pas-de-Calais actuelle.
"L'extrait de texte sur le fragment décrit un champ de bataille sanglant. Des hommes se battent violemment. On y trouve de nombreux nouveaux noms", précisait Remco Sleiderink. Le récit encore inconnu du 14e siècle a été conservé grâce à ce fragment. "Ce bout de parchemin avait été utilisé pour relier un autre livre, datant probablement du 16e siècle. Sans doute à cette époque-là ne trouvait-on plus assez intéressant le récit médiéval. Le reste de l’histoire de chevalerie est encore considéré comme perdu", indiquait le professeur Sleiderink.
Les chercheurs anversois ont pu déterminer qu'il s'agissait d'un extrait d'un roman de chevalerie et plus précisément d'un poème épique mettant en scène des personnages de l'époque carolingienne comme le célèbre "Karel ende Elegast" (Charlemagne et Elegast).
Un puzzle
Entretemps, l’Université d’Anvers possède des fragments de cinq histoires de chevaliers différentes. Avec le bout de parchemin qu’elle vient d’acheter, elle espère pouvoir établir un lien avec les autres fragments. "Lors de recherches précédentes, nous sommes arrivés à la conclusion que nous ne connaissons pas au moins la moitié de tous les récits de chevaliers ou qu’ils ne nous ont pas été transmis. L’histoire qui se trouve sur la languette de parchemin du 14e siècle en est un bon exemple. Elle comprend des similitudes avec d’autres récits de chevaliers, mais aussi des personnages et des scénarios totalement neufs", précisait Remco Sleiderink.
Dans un premier temps, les chercheurs devront faire un travail de puzzle. "On commence tout simplement par lire et tenter d’établir des liens. C’est un texte en moyen néerlandais mais l’écriture à la main est totalement différente de celle à laquelle nous sommes habitués. Mais on apprend assez vite à déchiffrer ce genre de textes".
"Dans ce cas-ci, il s’agit d’un roman en rimes long de 160 vers. Mais ils sont tous coupés. Nous devons tenter de reconstituer le puzzle avec des bouts de vers", concluait le professeur de l’Université d’Anvers.
Le fragment ne sera pas montré au public mais sera soigneusement conservé dans la collection de la bibliothèque universitaire où les étudiants et les chercheurs pourront l'étudier.