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Incapable de s’accorder sur le "plan azote", le gouvernement flamand traverse une crise profonde

"Le gouvernement flamand est mort". C’est le jugement sévère porté ce lundi par le journaliste politique Johny Vansevenant (VRT NWS) à la suite de l’ultime tentative du gouvernement de Jan Jambon (photo), dimanche, de parvenir à un accord sur une nouvelle politique en matière d’émissions d’azote dans l’agriculture. Tentative qui s’est soldée par un échec, après que le CD&V ait quitté la table des négociations, jugeant le plan azote dans sa version proposée par Open VLD et la N-VA trop sévère pour offrir suffisamment de perspectives aux jeunes agriculteurs. "Officiellement, la N-VA tend encore la main aux chrétiens-démocrates, mais semble en vérité vouloir les pousser hors de la coalition", analysait Vansevenant dans l’émission "De ochtend". Si une chute du gouvernement flamand semble peu probable, malgré la crise profonde, diverses options sont envisagées. Entretemps, le patronat flamand met en garde contre un blocage qui entrainerait des milliards de dommages pour tous les secteurs de l’économie.

Dimanche soir, le CD&V a quitté la table des négociations organisées au cabinet du ministre-président Jan Jambon, qui tentait une dernière fois de dénouer le dossier azote bloqué depuis des mois au sein de la coalition flamande. Jambon avait indiqué auparavant qu'il ne rassemblerait ses principaux ministres que s'il y avait une perspective d'accord, ce qui permettait de penser que les partenaires de majorité du nord du pays - N-VA, CD&V et Open VLD - étaient parvenus à un déblocage dans ce dossier extrêmement délicat.

Mais le départ des chrétiens-démocrates dimanche soir a confirmé un nouvel échec dans le dossier qui empoisonne la majorité flamande. La N-VA et Open VLD ont cependant approuvé dimanche soir une nouvelle note dans le dossier sur les permis pour les entités émettrices d'ammoniac ou d'oxydes d'azote. Ce qui faisait dire au ministre-président : "Deux des trois partis du gouvernement ont approuvé mon ultime proposition".

Il n'y a donc pas de consensus au sein du gouvernement du nord du pays et Jan Jambon renvoie la balle dans le camp du CD&V. "J'attends leur réponse à la proposition avec des concessions supplémentaires. La N-VA et Open VLD restent prêts à tendre la main au CD&V", assurait le ministre-président.

Les ministres Jo Brouns (Agriculture), Ben Weyts, Zuhal Demir (Environnement), Bart Somers, Hilde Crevits et Jan Jambon
James Arthur Photography

La direction du parti chrétien-démocrate flamand se réunissait dimanche soir pour réfléchir à son avenir au sein du gouvernement régional, indiquait l’agence Belga. Le CD&V se sent acculé et perçoit l'ultimatum de Jan Jambon comme une tentative de bouter le parti hors du gouvernement. "Ce n'est absolument pas notre intention. Mais ce qui est sur la table, nous ne pouvions pas l'approuver", déclarait-on au CD&V.

Si le parti de Sammy Mahdi - qui dit vouloir continuer à négocier jusqu’à trouver un accord - finissait par afficher un refus définitif à la proposition de la N-VA et de l'Open VLD, le gouvernement flamand se trouverait dans une posture périlleuse. Mais le gouvernement ne peut pas simplement tomber. Une nouvelle majorité ne peut être dégagée qu'après une motion de méfiance constructive du Parlement flamand qui met en place une majorité alternative immédiatement.

Les ministres Jo Brouns (CD&V) et Zuhal Demir (N-VA)
BVB

Réactions divergentes

Ce dimanche soir, la N-VA indiquait attendre une réponse du CD&V sur les concessions supplémentaires avancées par les libéraux et les nationalistes flamands. Le président d’Open VLD, Egbert Lachaert, qualifiait pour sa part ce lundi de "science-fiction" l'idée d'une majorité de rechange, sans le CD&V, pour débloquer le dossier de l'azote. "Nous voulons que cette coalition poursuive ensemble", déclarait-il, mettant en garde contre une ingouvernabilité complète de la Flandre, dont les agriculteurs seraient les premières victimes. Lachaert soulignait qu’avec une majorité de rechange d'autres dossiers seraient bloqués par ricochet, comme le projet Ventilus, les crèches, les soins aux personnes âgées ou l'enseignement. "C'est au ministre-président et au CD&V d'avancer vers une entente", concluait Lachaert.

Dans l’opposition flamande, le parti PVDA et les écologistes de Groen réclament que Jan Jambon réponde de la crise devant le Parlement. Le chef de file PVDA Jos D'Haese en a fait part dans un message posté sur Twitter. "La crise au sein du gouvernement flamand est totale", assure-t-il. Via Twitter, le chef de file Groen Björn Rzoska (photo) a pour sa part demandé une séance plénière au Parlement.

Le patronat met en garde contre "une perte de plusieurs milliards"

L'organisation patronale flamande Voka appelait ce lundi les partis au sein du gouvernement à trouver un accord. "Un blocage total se profile. La Flandre risque d'être mise à l'arrêt, avec comme conséquence directe des milliards de dommages pour tous les secteurs de l'économie".

Le Voka rappelle que l'économie néerlandaise, qui a été confrontée au même genre de problème -la colère des agriculteurs néerlandais ayant donné lieu à des manifestations parfois violentes -, avait souffert de plus de 28 milliards d'euros de dégâts. L’organisation patronale appelle les trois partis de la coalition au gouvernement flamand à adopter les textes et propositions actuellement sur la table.

Le Parlement flamand tiendra finalement ce mardi à 14h un débat d'actualité sur cette crise gouvernementale, tandis que les réunions de commissions ont été annulées.

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