Première mondiale à Mol: un réacteur de recherche teste de l’uranium peu enrichi, plus sûr
Le Centre de recherche nucléaire SCK CEN à Mol (province anversoise) amorce un changement de combustible nucléaire pour son réacteur de recherche BR2, pour utiliser un uranium moins hautement enrichi. Ce dernier risque donc moins d’être utilisé pour faire des armes nucléaires. Mais il n’est normalement pas approprié pour le réacteur, qui a besoin d’uranium hautement enrichi. Le Centre SCK semble cependant y être parvenu : une première mondiale. Des tests sont menés, dont les résultats sont jugés encourageants. L'objectif poursuivi est une conversion en 2026.
Le réacteur BR2 utilise pour le moment de l'uranium hautement enrichi, mais le Centre de recherche SCK CEN souhaite le remplacer par un tout nouveau type de combustible, utilisant de l'uranium faiblement enrichi. Le but est d'éviter la prolifération d'uranium hautement enrichi, potentiel composant d'armes nucléaires. "Si tout se déroule comme prévu", le réacteur pourra utiliser de l'uranium faiblement enrichi dès 2026, devenant ainsi "le premier réacteur de recherche au monde doté d'un combustible hautement performant utilisant de l'uranium faiblement enrichi".
Pour y parvenir, le centre de recherche développe un nouveau type de combustible, en collaboration étroite avec les États-Unis. Des scientifiques de Washington et l'ambassadeur des États-Unis en Belgique se sont d'ailleurs rendus sur place vendredi. "La conversion nécessite des essais approfondis et la préparation de tout un dossier de sûreté", souligne le Centre de recherche, qui ajoute que "les performances techniques du réacteur de recherche avec ce nouveau combustible doivent être les mêmes". Des résultats jugés encourageants ont récemment été engrangés.
"Au cours des deux cycles précédents, nous avons testé trois assemblages combustibles faiblement enrichis en conditions réelles. Ils ont servi, comme leurs équivalents hautement enrichis, de combustible pour notre réacteur pour la première fois", se réjouit ainsi le chef de projet, Jared Wright. Lundi, il espère recevoir les résultats des derniers essais. "Nous nous attendons à ce qu'ils soient acceptables, tout comme ceux des essais précédents, ce qui démontrerait que les assemblages combustibles restent intacts, même à haute puissance."
Le BR2 est décrit par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) comme l'un des réacteurs de recherche les plus puissants au monde. Il joue un rôle capital dans l'approvisionnement mondial en radio-isotopes médicaux et dans les essais d'innovations nucléaires. Des premiers tests effectués, il semblerait à priori que les radio-isotopes médicaux puissent aussi être produits avec de l’uranium peu enrichi, et non pas seulement avec de l’uranium hautement enrichi.
