Le Canon flamand, qui reprend les noms et événements majeurs de la culture flamande, est prêt
Six mois plus tard que prévu, le "Canon" de Flandre a été présenté ce mardi. Il s’agit d’une liste de 60 événements, dates historiques, personnes, traditions, livres, objets et œuvres d’art qui représenteraient au mieux l'identité flamande. Un comité de neuf experts a consacré deux ans et demi à sa préparation, en se basant sur l’exemple du Canon des Pays-Bas et en sélectionnant 60 'fenêtres' qui reprennent des thèmes allant de la dernière ère glaciaire à la Flandre diversifiée contemporaine. En passant par exemple par l’aménagement du territoire et une langue commune "standard" pour tous les Flamands. Il est prévu que les éléments repris dans le Canon soient inclus dans le programme de l’enseignement néerlandophone, s’ils n’y figurent pas déjà.
Le Canon flamand a été présenté ce mardi à Genk (province du Limbourg) en présence du ministre flamand de l'Éducation Ben Weyts et du ministre-président et ministre de la Culture Jan Jambon. Lors du lancement du projet en 2019, le gouvernement flamand avait annoncé que, suivant l'exemple du Canon néerlandais, il souhaitait travailler sur "une liste de points d'ancrage de la culture, de l'histoire et des sciences flamandes".
Un comité de neuf experts indépendants, dirigé par le professeur émérite Emmanuel Gerard (KU Leuven), a été nommé et travaillait sur le Canon depuis la fin du mois d'octobre 2020.
Un projet critiqué
L'initiative a été sévèrement critiquée par trois historiens appuyés par des collègues de toutes les universités flamandes, en novembre dernier. Ceux-ci y voient un instrument pour les nationalistes flamands au service du "combat anti-Belge". A leurs yeux, il s'agirait d'amener en douceur une politique permettant d'élargir l'identification à la Flandre et de saper l'attachement à la Belgique. Selon eux, le projet viserait également à "préserver" la culture flamande de "toute forme de cosmopolitisme".
Depuis ce mardi, le Canon flamand est cependant officiellement établi. Selon les experts en charge de sa préparation, il indique "ce qui est suffisamment important pour être lu, écouté, vu ou connu par une communauté particulière". Plus précisément, le Canon fournit un aperçu chronologique avec, dans le cas présent, 60 "fenêtres" ou thèmes. Chaque thème est élaboré à l'aide d'une accroche et de deux points focaux. Ainsi par exemple, le thème de l'humanisme est abordé via une référence à Érasme, puis le protestantisme et l'art de l'imprimerie.
Outre des moments et des personnages connus comme la présence romaine à Tongres, la bataille des Eperons d'or en 1302 ou le peintre Pierre Brueghel mais aussi "Le lion de Flandre" de l’écrivain Hendrik Conscience (1838), des noms moins connus sont également passés en revue, comme Pedro de Gante - un moine qui, au XVIe siècle, fut l'un des premiers témoins flamands des ravages causés par les colonisateurs européens au Mexique.
Difficulté du choix
Un certain nombre de noms célèbres, tels que le Père Damien et le poète Guido Gezelle n'y figurent pas. Ce qui fait également l’objet de critiques ce mardi. Mais les experts ont dû faire un choix parmi 500 sujets possibles. Outre le retable de Gand des frères Van Eyck, le Canon mentionne également Rock Werchter comme vitrine de la culture flamande des festivals et ses prouesses techniques, ou le Tour de Flandre cycliste comme accroche-regard pour le thème de la Flandre des courses reconnue dans le monde entier.
A qui s'adresse le Canon ? Selon le comité d'experts, "au public le plus large possible". Le gouvernement flamand a également vu des opportunités pour le Canon de Flandre dans l'enseignement et dans les parcours d'intégration pour les nouveaux arrivants.
